Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE
On sait bien que les protagonistes des comédies romantiques sont affranchis des pesanteurs de la vie ordinaire (sinon, la comédie n’est pas romantique), mais on aura rarement rencontré des contemporains aussi éloignés de l’époque et de ses tourments que Joanne et Noah. Ils habitent tous deux Los Angeles. Joanne (Kristen Bell) enregistre chaque semaine avec sa sœur Morgan (Justine Lupe) un podcast intitulé « Nobody Wants This » (« personne ne veut de ça », titre qui n’encourage pas à l’écoute ou au visionnage, qu’il s’agisse d’un podcast ou d’une série). Les deux jeunes femmes y chroniquent les grandeurs et – surtout – les servitudes de la vie amoureuse.
Noah (Adam Brody) est un brillant rabbin qui officie dans une synagogue libérale sur Wilshire Boulevard. Au hasard d’un dîner en ville, ce qui devait arriver (pour que la série existe) arrive. La libertine et le saint homme tombent irrésistiblement amoureux, entamant ainsi l’exploration de leurs incompatibilités.
Erin Foster, la créatrice de Nobody Wants This, ne fait pas mystère de sa dette à l’égard de Fleabag. A l’instar du « hot priest », le prélat catholique sexy mais honorable qu’incarnait Andrew Scott dans la série de Phoebe Waller-Bridge, Noah est baptisé « hot rabbi » par les sœurs podcasteuses. Le scénario attribue à Joanne une méconnaissance abyssale du judaïsme – la notion de sabbat lui est tout à fait étrangère.
La jeune femme doit bien sûr affronter la mère tyrannique de son amant, trouvant un soutien inattendu en la personne de Sasha (Timothy Simons), le frère de Noah, marié à une épouse castratrice, pas moins stéréotypée que sa belle-mère. A l’inverse, le rabbin doit faire face à l’impossibilité de la coexistence d’une liaison avec une shiksa (une femme non juive) avec son avancement dans la carrière sacerdotale. Le charme du couple central ne suffit pas à redonner vie à ces clichés déjà usés au temps (les années 1950) où Woody Allen en faisait des plaisanteries à l’usage des quotidiens new-yorkais.
De temps à autre, l’un des personnages pose une question qui mérite réflexion, surtout à partir du moment où l’éventuelle conversion de Joanne au judaïsme devient un enjeu dramatique (on sent bien que la série procède du sentiment d’infériorité qui saisit tant d’agnostiques lorsqu’ils sont confrontés à la réalité religieuse). Plutôt que d’aller plus avant dans l’exploration de ces failles entre les communautés et les individus (ce que faisait, par exemple, Ramy, en mettant en scène la vie quotidienne des musulmans américains), le scénario se replie à chaque fois sur les clichés de la comédie romantique.
Il vous reste 15.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.